Electro Limonade : Un cocktail d'agrumes pétillant
C’est au cœur de l’été 2020 qu’Electro Limonade a vu le jour. L’expression « voir le jour » n’est d’ailleurs pas anodine, puisqu’il fût créé durant le confinement. Un parfum né de l’espoir de partager un verre entre amis en terrasse, au coucher de soleil. Un hymne à la joie et la lumière retrouvées, gorgé de fraîcheur et de good vibes électro.
Le confinement lié à la pandémie a été difficile émotionnellement. Une période teintée de solitude, marquée par l’envie de profiter des beaux jours et de ses proches. C’est de ce manque qu’est né Electro Limonade. Pierre Guguen a sollicité la parfumeuse Nathalie Feisthauer pour concocter un parfum « feel good ». Une fragrance qui incarne le plaisir du premier cocktail entre amis, en terrasse ou à la plage, à l’issue du confinement.
Un moment de bonheur et d’euphorie que Nathalie Feisthauer a traduit à l’aide d’une partition hespéridée et herbacée aux nuances minérales. Elle a donc ciselé un « accord limonade », riche en agrumes, twisté de menthe pouliot, pour l’habiller d’une fraîcheur mordante.
L’occasion de nous pencher sur les agrumes, ce registre olfactif que l’on nomme « hespéridé » en parfumerie. La famille « hespéridée » tient son nom de la mythologie grecque. Selon une légende, les nymphes avaient pour mission de veiller sur le jardin des cieux. Mais un Dieu, Héraclès, parvint à dérober une pomme d’or au pouvoir d’immortalité. Parce que celle-ci n’était autre qu’une orange, on attribua ce nom poétique aux agrumes.
La famille hespéridée regroupe l’orange, le citron, la bergamote, la mandarine, le pamplemousse, la clémentine, le petit-grain, la limette ou encore le yuzu. Leur écorce permet d’obtenir une huile essentielle, par expression à froid du zeste. Cette méthode est propre aux agrumes, et consiste à broyer les zestes contre des ustensiles pourvus de pointes en métal. Les agrumes sont considérés comme des notes de tête, pour leur senteur volatile : très intense au début, mais qui s’estompe rapidement. On les retrouve aussi bien dans les eaux de Cologne qu’en notes de tête de parfums capiteux, pour offrir du contraste aux accords boisés, ambrés ou gourmands.
Parmi ces notes hespéridées, Nathalie Feisthauer a choisi la bergamote, la clémentine et le citron pour insuffler de la fraîcheur au parfum. La bergamote nous vient d’Italie, dont la ville de Calabre, en Sicile, en est une grande productrice. Issu d’un croisement entre le citron et la bigarade, cet agrume ressemble à une orange jaune. Si sa chair n’est pas comestible, l’huile essentielle extraite de son écorce offre une fraîcheur raffinée, très utilisée en parfumerie, mais aussi pour le thé Earl Grey. On la désigne souvent comme la « fine fleur des agrumes » pour sa complexité amère, fruitée, florale et lavandée. Le terme « bergamote » viendrait du turc « beg-armûdi » signifiant « poire du seigneur » On dit également que la bergamote tire son nom de la ville de Bergame où elle fut à l’origine cultivée.
On ignore si le citron nous vient du sud de la Chine ou de l’Inde, mais il fût introduit dans le pourtour méditerranéen lors des invasions arabes au Xème siècle. L’huile essentielle de citron est acide, fusante et tonique. Il est aujourd’hui principalement cultivé en Argentine, en Espagne, aux USA et en Italie.
Le terme « clémentine » vient du Frère Clément, un père blanc originaire d’Algérie, qui souhaitait créer une mandarine sans pépin. La clémentine est le fruit d’un croisement entre la mandarine et l’orange. Sa senteur est très proche de la mandarine, bien que plus juteuse. Très pétillante, l’huile essentielle de clémentine épouse très bien les nuances fruitées à l’image de la note rhubarbe dont a joué Nathalie Feisthauer pour Électro Limonade, une touche verte qui étire la facette aromatique du parfum d’un trait vif et lumineux.
Ce cocktail d’agrumes, twisté de notes vertes et minérales, s’épanouit sur un lit boisé et musqué. Un parfum joyeux, désaltérant, à savourer tout l’été, sans modération.
Article rédigé par Sophie Normand pour l'Orchestre Parfum